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El Othmani : Le soutien de l’ambassadeur Hilale à la Kabylie «ne reflète pas une position de l’Etat marocain»

Au grand bonheur des médias algériens, le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, a taclé sévèrement le représentant permanent du royaume, Omar Hilale, au sujet de l’appui de Rabat à l’autodétermination de la Kabylie.

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Nouvelle incursion de Saad-Eddine El Othmani sur le terrain des Affaires étrangères qui n’est pas passée inaperçue. Ce jeudi, le chef du gouvernement qui était l’invité du site d'information Hespress pour débattre des élections du 8 septembre, a estimé que le soutien exprimé par le représentant du royaume à l’ONU à l’autodétermination de la Kabylie «ne traduit pas une position de la politique de l’Etat marocain».

Pire, El Othmani, qui avait occupé pourtant les rênes de la diplomatie marocaine lors du gouvernement Benkirane I, a ôté toute importance à la note adressée par l’ambassadeur Omar Hilale à la présidence azérie lors de la réunion du Mouvement des Non-alignés, organisée par visioconférence les 13 et 14 juillet. Il a ainsi souligné qu’elle n'est qu'une réplique à l’appui proféré, depuis la même tribune virtuelle, par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, au «droit de l’autodétermination de la république du Sahara occidental».

Des propos qui émanent d’un ancien ministre des Affaires étrangères

Ce vendredi, la chaîne algérienne Echourouk News s’est vite emparée des propos d’El Othmani, au point de consacrer une émission à les décortiquer et par la même occasion à tirer à boulets rouges sur le royaume. Les invités du média proche des militaires, étaient appelés à juger s’il s’agit d’une nouvelle «manœuvre» ou d’ «un acte de mendicité» de la part du Maroc, quémandant du pouvoir algérien de revenir sur la décision de rupture des relations diplomatiques.

Si le timing - moins de trois jours après la rupture des relations avec l’Algérie-, est plutôt mal choisi, le passage d'El Othmani en tant que ministre des Affaires étrangères aurait dû l'inciter à la prudence. En effet, les déclarations des ambassadeurs et des diplomates ne reflètent pas leurs opinions personnelles mais les positions des Etats qu’ils représentent. De plus, le chef du gouvernement aurait dû se rappeler que le Maroc a déjà manifesté son appui au droit à l’autodétermination de la Kabylie et depuis la tribune des Nations unies à deux occasions : en octobre 2015 et en novembre 2015. Dans ces deux cas, les diplomates marocains, Abderrazzak Laassel et Omar Rabi, exprimaient une position de l’Etat marocain et non la leur.

Force est de constater que les incursions d’El Othmani sur le terrain de la politique étrangère ne lui réussissent guère. Sur l’Algérie, en mai 2019 il avait prédit une amélioration des relations algéro-marocaines après la destitution du président Abdelaziz Bouteflika. «Avec la nouvelle équipe dirigeante en Algérie, au moins nous espérons trouver avec elle des solutions et qu’elle n’adoptera pas le même comportement hostile vis à vis du Maroc».

Et en août 2020, il était monté au créneau à l’occasion d’une conférence organisée par la jeunesse du PJD, pour affirmer que «le Maroc rejette toute normalisation avec l’entité sioniste». Vingt-quatre après sa sortie, il a été contraint d’opérer un rétropédalage. Pour mémoire, El Othmani avait eu recours à une autre volteface pour nier toute réunion avec le chef de la diplomatie du Kosovo, en marge de l’Assemblée général de l’ONU de 2018.