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France : Anasse Kazib, un petit-fils de tirailleur marocain, futur candidat à la présidentielle ?

Cheminot et militant du Nouveau parti anticapitaliste, Anasse Kazib a été proposé en pré-candidature pour les élections présidentielles par les militants du NPA-Révolution permanente. Figure de la mobilisation contre la réforme ferroviaire et celle des retraites, il incarne une jeunesse française dont les parents, arrivés du Maroc, ont participé à l’âge d’or du pays pendant les Trente glorieuses.

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Anasse Kazib / DR.
Temps de lecture: 3'

Et si le petit-fils d'un tirailleur marocain devenait candidat à l'élection présidentielle française ? C'est en tout cas l'ambition d'Anasse Kazib. Les militants du NPA-Révolution permanente ont proposé, dimanche, la pré-candidature du cheminot de 34 ans et militant du NPA. Kazib, issu de la banlieue parisienne, est présenté par ses camarades comme étant «protagoniste de quelques-unes des principales mobilisations des dernières années, comme la bataille contre la réforme ferroviaire de 2018, la grève contre la réforme des retraites ou encore les mobilisations anti-racistes». A la gare du Nord de Paris, il fait partie de trois délégués syndicaux venus de quartiers populaires et aux profils similaires.

«Si le NPA tranchera sa présence aux élections présidentielles et son candidat d’ici l’été, une candidature d’Anasse permettrait, selon nous, d’incarner la radicalité dont a fait preuve une partie de notre classe et de la jeunesse dans toutes les mobilisations des dernières années, ainsi que l’ambition de construire un parti révolutionnaire des travailleurs à la hauteur des attaques en cours et à venir», a annoncé le parti.

C’est ainsi qu’Anasse Kazib, petit-fils de tirailleur marocain et issu d’une famille ouvrière, a été choisi, pour une pré-candidature «représentative d’une nouvelle génération de militants ouvriers combatifs qu’on a vu émerger depuis 2016». Il s’agit, pour le NPA, d’une «candidature du mouvement social», d’autant plus que le cheminot est «assez largement identifié et apprécié dans des milieux très différents et y compris dans une frange ‘de masses’ grâce à ses interventions médiatiques».

Honorer les sacrifices des parents

Le fait qu’Anasse Kazib soit l’enfant d’un ouvrier marocain, lui-même ancien cheminot parmi ceux qui ont émmigré du Maroc dans les années 1960, a également été déterminant. «Il s’agit non seulement d’un jeune ouvrier, mais aussi de quelqu’un issu de l’immigration maghrébine investi dans les mobilisations antiracistes et anti-islamophobie des dernières années», selon le NPA, qui espère que cette pré-candidature permette aux jeunes de quartiers de se sentir représentés.

Le père d’Anasse Kazib fait partie aujourd’hui des chibanis, après avoir lutté longtemps et vainement pour obtenir son statut professionnel de cheminot. Cette histoire de famille a participé à son engagement dans l’action syndicale et notamment les grèves contre la réforme de la SNCF, comme il l’a confié en 2018 à Libération :

«Mon père est né au Maroc, alors il a été discriminé sur sa carrière et sa retraite. Il n’avait pas le statut alors qu’il était cheminot comme moi. Quand t’es fils de cheminot, ça te met la pression, mais tu connais les trois-huit, tu sais comment ça se passe avant même de mettre les pieds dans l’entreprise. Tu sais que c’est un choix et que tu ne fais pas ça pour l’argent.»

C’est l’idée défendue également par Kazib lors de ses sorties médiatiques, remarquées particulièrement au cours des deux mois de grève de la SNCF en 2018. «On va payer la dette d’une direction SNCF et de gouvernements qui ont choisi leurs lignes de TGV, à l’image d’Alain Juppé qui s’est fait Paris-Bordeaux», avait-il fustigé, la même année, sur le plateau de RMC. Pour son entourage, il symbolise une nouvelle génération de jeunes leaders syndicaux, «prêts à en découdre» et qui sont sortis de l’ombre au cours des dernières années marquées par les grèves et les mobilisation ouvrières.

Pour sa formation partisane, sa pré-candidature sera aussi «un levier» de débats internes sur «les acquis et les acteurs de la lutte de classes des dernières années», marquant probablement «le point de départ de la construction d’un Parti Révolutionnaire des Travailleurs» qui attirerait «des centaines de travailleurs et de jeunes qui se sont politisés».

Mise au point concernant l’élection présidentielle (communiqué du NPA)

Le Conseil politique national du NPA s’est réuni ce dimanche 4 avril. Au cours de la journée, nous avons entre autres échangé au sujet des échéances électorales à venir, et nous avons déterminé collectivement un calendrier global de discussions concernant la présidentielle.

Dans la foulée de cette réunion, Anasse Kazib, membre du NPA et du « CCR-Révolution permanente » a annoncé, sur les réseaux sociaux, sa « pré-candidature » à la présidentielle de 2022. Cette annonce, qui était en réalité programmée depuis plusieurs jours, s’est donc faite hors de tout cadre décisionnel de l’organisation.

Cette annonce, relayée par les canaux du «CCR-Révolution permanente», constitue une rupture avec le fonctionnement du NPA et ses modalités de prise de décision concernant nos candidatures à la présidentielle. Ces dernières ont toujours été le fruit de discussions démocratiques en interne, organisées autour des questions d’orientation et de profil politiques, et non de «pré-campagnes» personnalisées — et a fortiori menées à l’extérieur de notre organisation. 

Anasse Kazib n’est donc ni le candidat, ni même le «pré-candidat» du NPA à l’élection présidentielle de 2022. 

Le NPA n’a pas encore déterminé ses choix concernant la présidentielle, qui seront, à l’instar de ce que nous avons fait lors des précédentes élections, opérés avant l’été, condition pour une présence lors de l’échéance de 2022. 

Ces décisions seront le produit d’un débat dans notre organisation, dans le respect de nos règles de fonctionnement démocratique, comme cela vient d’être décidé lors de notre réunion du Conseil politique national.

article_updated 06/04/2021 a las 14h29