Menu

angle_2

Recherche : Le Maroc parmi les pays qui publient le plus dans les «revues prédatrices»

Au Maroc, 7 articles scientifiques sur 100 sont publiés dans des revues dites «prédatrices», qui reçoivent de l’argent directement des auteurs, parfois sans même une validation par les pairs, selon un papier de deux chercheurs de l’Université Charles de Prague.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 2'

Les revues scientifiques dites «prédatrices» sont des revues exploitant un modèle de publication payante en libre accès. L'éditeur ne facture pas de frais d'abonnement, mais reçoit de l'argent directement de l'auteur d'un article qui devient accessible gratuitement à tous. Les auteurs sont ainsi motivés à payer pour faire publier leur travail dans un souci de progression de carrière ou d'évaluation de la recherche. En échange, les éditeurs de ces revues frauduleuses ferment les yeux sur les limites des articles lors de l’évaluation par les pairs, si elle est faite, en faveur de la génération de revenus.

Jusqu'à présent, seule une poignée d'études s’est intéressée aux revues soupçonnées de pratiques prédatrices et à ce défi majeur pour la communauté scientifique. Un article de recherche, publié le 7 février dans la revue «Scientometrics», s’est intéressé à cette question. Intitulé «Predatory publishing in Scopus : evidence on cross‑country», ses auteurs Vít Macháček et Martin Srholec, de l’Institut d'études économiques de l’Université Charles de Prague (République tchèque) ont examiné la répartition géographique des auteurs publiés dans des revues prédatrices.

Il s’avère qu’en termes de pourcentage d'articles parus dans des revues prédatrices dans le total des articles scientifiques publiés entre 2015 et 2017, le Maroc arrive à la 11e place mondiale avec un pourcentage de 6,95%. En d'autres termes, sur 100 articles publiés par des chercheurs marocains, près de 7 l’ont été dans des revues potentiellement ou probablement prédatrices.

Les Marocains surclassés par leurs homologues irakiens et omanais

Le royaume, deuxième en Afrique, talonne le Nigéria, qui occupe la 8e place mondiale. Comparés au reste du monde arabe, les chercheurs marocains sont surclassés par leurs homologues irakiens, deuxièmes à l'échelle mondiale, omanais (6e), yéménites (7e), soudanais (9e) et jordaniens (10e) pour ce genre de pratiques.

Pour ce qui est du pourcentage d'articles de revues prédatrices dans le total des articles par domaine de recherche, le Maroc est 12e, avec un pourcentage de 8,42% pour les articles de sciences de la vie. Le royaume est également 8e pour ce qui est des sciences physiques, avec un pourcentage de 7,86%, mais il ne figure pas sur la liste s’agissant des sciences de la santé et les sciences sociales.

L'analyse des données de 172 pays dans 4 domaines de recherche indique une remarquable hétérogénéité, font remarquer les deux chercheurs, qui précisent que dans les pays les plus touchés, environ 17% des articles scientifiques ont été publiés dans ce type de revues. Ils ont fait appel à la liste de Beall des revues prédatrices et croisé les données avec celle des bases de données Ulrichsweb et Scopus permettant d’identifier un total de 324 revues appariées avec 164 000 articles indexés.

L’article appelle enfin les décideurs politiques et les parties prenantes des pays touchés par ce genre de pratique à «accorder plus d'attention à la qualité de l'évaluation de la recherche» pour combattre la fraude dans la recherche scientifique.