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France : A Nîmes, Fouad, Sofian et Megdi nettoient les tombes oubliées

La Covid-19 a durement touché la communauté musulmane en France. Le nombre de morts importants et l'impossibilité de rapatriment des dépouilles dans le pays d'origine a mis en avant l'importance des cimetières et de leur entretien qui laisse parfois à désirer.

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Photo d'illustration / DR.
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Le contact de la communauté musulmane de France avec les lieux de sépultures s’est transformé depuis un an, avec le nombre de morts dus à la pandémie et l’imposibilité de rapatrier les dépouilles dans le pays d’origine. L’élargisement des carrés musulmans est devenu une problématique urgente pour les musulmans de nombreuses villes. Mais l’entretien de ces lieux de sépultures est parfois oublié.

Depuis janvier dernier, un collectif de jeunes s’est organisé bénévolement, pour nettoyer le cimetière Pont de Justice à Nîmes et s’occuper de l’entretien des tombes, notamment celles musulmanes. A l’origine de cette initiative spontanée, Fouad, Sofian et Megdi n’ont pas imaginé qu’elle prendrait autant d’ampleur. Aujourd’hui, ils sont plus d’une cinquantaine à se relayer, comptant sur la mobilisation de l’ensemble de la population locale, abstraction faite des religions et des croyances.

Tout a commencé avec une expérience personnelle. L’été dernier, Sofian a perdu sa grand-mère. D’autres amis et connaissances ont inhumé leurs proches décédés dans le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus. «En allant au cimetière, qui se trouve dans mon quartier, j’ai remarqué que des tombes étaient à l’abandon. Plusieurs s’étaient trop affaissées car elles étaient là depuis 50, 60 ans, sans réel entretien», a déclaré ce mercredi à Yabiladi Sofiane, l’un des lanceurs de l’initiative. Etant suivi sur les réseaux sociaux, il a décidé de saisir cette occasion pour lancer un appel et s’en occuper avec ses amis.

Une action qui devrait essaimer ailleurs

Pour l’heure, «plus de 350 tombes ont été nettoyées et d’autres suivront», se félicite-t-il. L’action a rapidement été soutenue par des habitants, dont des entrepreneurs et des propriétaires de gros véhicules, qui ont prêté gracieusement leurs camions et apporté l’aide logistique. En très peu de temps, Sofiane et ses amis ont pu réunir «20 tonnes de terre», qui serviront à recouvrir les tombes affaissées et à réhabiliter celles en effritement.

En raison des mesures liées à l’état d’urgence sanitaire, l’accès reste cela dit réduit dans les cimetières. Le collectif s’organise ainsi en constituant des équipes de six bénévoles, qui se relayent pour assurer la continuité et la pérennité de cette action.

En plus de «redorer l’image» de communautés souvent stigmatisées au gré de l’actualité et des débats polémiques, cette action revêt une grande utilité publique. «Nous ne sommes pas une association, mais un groupe de personnes réunies autour d’une action bénévole dont nous avons vu l’intérêt et qu’il suffit de reproduire là où il existe des cimetières et des tombes oubliées, que ce soit en France ou même dans nos pays du Maghreb», nous déclare Sofian.

article_updated 10/02/2021 a las 22h28