Menu

angle_2  

Reportage de TF1 sur la chirurgie esthétique au Maroc : Entre préjugés et superficialité

Consacrée à la chirurgie esthétique au Maroc, un reportage de l’émission Sept à Huit de TF1, intitulé «Maroc, la folie du bistouri», a fait la part belle aux stéréotypes, caricatures et préjugés. S'il a choqué de nombreux internautes marocains, certains ont choisi de le tourner en dérision.

Publié
Capture d'écran du reportage de TF1. / Voici.fr
Temps de lecture: 3'

La chirurgie esthétique dans un Maroc «conservateur». Voilà l’angle choisi ce dimanche, par l’émission Sept à Huit de TF1 pour un reportage télé depuis Casablanca, intitulé «Maroc, la folie du bistouri». Un «phénomène» qui a tellement séduit les journalistes de la chaîne française, que préjugés, caricatures et stéréotypes ont été diffusés sans retenue.

En effet, le reportage présente le royaume en tant que pays «conservateur» avec des «valeurs occidentales». L’occasion de rappeler les «mariages forcés» et la «polygamie», face auxquels une nouvelle classe de jeunes, riches et voulant être «instagrammables» émergent. Ces derniers sont présentés comme voulant «rester jeunes» et soucieux de leurs «apparences physiques» en opposition au Maroc «conservateur».

Le reportage évoque le cas de deux filles actives sur Instagram, «discrètes sur leurs sources de revenus», affirmant que dans le royaume, «les mœurs sont très présentes» et les «jeunes doivent se cacher» pour exercer leurs libertés. La jeunesse dorée recourt à la chirurgie plastique parfois sans le consentement de la famille, tandis que des jeunes moins fortunés «recourent aux crédits» pour le faire. Une chirurgie qui séduit même les hommes pour «se faire des abdos» sans efforts.

Le reportage donne la parole au célèbre Docteur Mohamed Guessous, inventeur de la «Silhouette Ferrari design». Mais c'est d'une «Porsche» qu'on le voit descendre. La caméra le suit même dans sa salle d’opération pour le présenter «admiratif» de son propre travail. Lors d'un entretien avec une cliente, il lui présente sa «gamme colombienne» dans son catalogue.

Une détentrice d’un SPA à Casablanca vient aussi témoigner à visage découvert, pour évoquer sa première chirurgie esthétique il y a 15 ans. «Nous sommes modernes mais nous acceptons les filles voilées», dit-elle en parlant de son assistante qui porte le voile.

De l’ironie et de la dérision pour se moquer des stéréotypes

Avec des images explicites montrant des courbes et des rondeurs en gros plans, des attitudes caricaturales des personnes interviewées et les nombreux préjugés, le reportage a été critiqué et tourné en dérision sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #septahuit, plusieurs internautes ont fustigé des images.

«Le reportage là c’était n’importe quoi. J’ai retenu que la chirurgie et la religion. Quand tu n’as jamais mis les pieds au Maroc, ton avis sur le pays peu vite être entaché», réagit une internaute. «Une horreur la chirurgie on a l'impression de voir des mini Bogdanof émerger un peu partout. Les filles ont 25-35 ans quand tu les vois t'as l'impression de voir des dames de 60 ans botoxées. Pas de nez, lèvres en pneus Michelin, pommettes de grenouille, fesses de cheval», ajoute un autre.

«Je suis époustouflée par ce reportage. Ça ne va pas aider les jeunes à s'assumer telles qu'elles sont. La dérive pour plaire à tout prix», regrette une autre personne.

Le risque pour la santé d'une opération chirurgicale parfois nécessitant une anesthésie générale a également ému certains internautes. «Ils sont malades. Moi juste pour faire des prises de sang je me prépare mentalement toute la nuit. Quand je vois tout ce matériel de boucher, c'est chaud», s'inquiète une enième internaute.

article_updated 08/02/2021 a las 23h27