La chirurgie esthétique dans un Maroc «conservateur». Voilà l’angle choisi ce dimanche, par l’émission Sept à Huit de TF1 pour un reportage télé depuis Casablanca, intitulé «Maroc, la folie du bistouri». Un «phénomène» qui a tellement séduit les journalistes de la chaîne française, que préjugés, caricatures et stéréotypes ont été diffusés sans retenue.
En effet, le reportage présente le royaume en tant que pays «conservateur» avec des «valeurs occidentales». L’occasion de rappeler les «mariages forcés» et la «polygamie», face auxquels une nouvelle classe de jeunes, riches et voulant être «instagrammables» émergent. Ces derniers sont présentés comme voulant «rester jeunes» et soucieux de leurs «apparences physiques» en opposition au Maroc «conservateur».
Le reportage évoque le cas de deux filles actives sur Instagram, «discrètes sur leurs sources de revenus», affirmant que dans le royaume, «les mœurs sont très présentes» et les «jeunes doivent se cacher» pour exercer leurs libertés. La jeunesse dorée recourt à la chirurgie plastique parfois sans le consentement de la famille, tandis que des jeunes moins fortunés «recourent aux crédits» pour le faire. Une chirurgie qui séduit même les hommes pour «se faire des abdos» sans efforts.
Petit mot spontané pr @7a8
1.Vs avez choisi le médecin le plus sulfureux de Casa pr représenter la médecine marocaine.
2. La seule contradiction émane d’une journaliste et a duré une seule minute. L’avis d’autres médecins auraient été la base.— Rita M (@RitaMediaManiaK) February 7, 2021
Le reportage donne la parole au célèbre Docteur Mohamed Guessous, inventeur de la «Silhouette Ferrari design». Mais c'est d'une «Porsche» qu'on le voit descendre. La caméra le suit même dans sa salle d’opération pour le présenter «admiratif» de son propre travail. Lors d'un entretien avec une cliente, il lui présente sa «gamme colombienne» dans son catalogue.
Une détentrice d’un SPA à Casablanca vient aussi témoigner à visage découvert, pour évoquer sa première chirurgie esthétique il y a 15 ans. «Nous sommes modernes mais nous acceptons les filles voilées», dit-elle en parlant de son assistante qui porte le voile.
De l’ironie et de la dérision pour se moquer des stéréotypes
Avec des images explicites montrant des courbes et des rondeurs en gros plans, des attitudes caricaturales des personnes interviewées et les nombreux préjugés, le reportage a été critiqué et tourné en dérision sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #septahuit, plusieurs internautes ont fustigé des images.
Les nanas avec les pommettes aussi gonflées que les seins et que les fesses, c'est juste... Flippant...#septahuit
— stram ⭐⭐ (@amstramgraff) February 7, 2021
«Le reportage là c’était n’importe quoi. J’ai retenu que la chirurgie et la religion. Quand tu n’as jamais mis les pieds au Maroc, ton avis sur le pays peu vite être entaché», réagit une internaute. «Une horreur la chirurgie on a l'impression de voir des mini Bogdanof émerger un peu partout. Les filles ont 25-35 ans quand tu les vois t'as l'impression de voir des dames de 60 ans botoxées. Pas de nez, lèvres en pneus Michelin, pommettes de grenouille, fesses de cheval», ajoute un autre.
Elle éternue à Rabat on retrouve son nez à Marrakech #SeptAHuit
— peau de vache (@peaudevache1) February 7, 2021
«Je suis époustouflée par ce reportage. Ça ne va pas aider les jeunes à s'assumer telles qu'elles sont. La dérive pour plaire à tout prix», regrette une autre personne.
Elle a plus aucune pièce d’origine Latifa ???#SeptAHuit
— Danoo77? (@danoo77711) February 7, 2021
Le risque pour la santé d'une opération chirurgicale parfois nécessitant une anesthésie générale a également ému certains internautes. «Ils sont malades. Moi juste pour faire des prises de sang je me prépare mentalement toute la nuit. Quand je vois tout ce matériel de boucher, c'est chaud», s'inquiète une enième internaute.
Les kim karda du Maroc ! C est pas des Ferrari désigne, c est plus des pigeots des années 90 tuning #septahuit
— dieu le jambon (@JambonLe) February 7, 2021