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Majidi veut un mall à côté du palais royal

Le tout nouveau président du FUS dévoile ses «projets fonciers» pour le club de la capitale. En atten­dant le sportif.

Le secrétaire particulier de Mohammed VI refait parler de lui. Après l'affaire du terrain des Habous de Taroudant, l'homme se retrouve au cœur d'une nouvelle «intrigue foncière».

Cette fois-ci, cela se passe à Rabat, à quelques encablures du palais royal. Pour comprendre cette nouvelle «affai­re», il faut revenir quelques semaines en arrière. Mohamed Mounir est désigné à la tête du comité directeur du FUS (équipe de la capitale), succédant ainsi à un autre secrétaire particulier, de Hassan II, Abdelkrim Bennani.
Dès sa première allocution publique, Majidi affiche, sans complexes, ses am­bitions : permettre à une large frange de la population de pratiquer du sport (rien que ça !) et inculquer l'esprit de bonne gouvernance. En clair, le collabo­rateur de Mohammed VI veut donner l'exemple de la gestion sportive à des dirigeants en mal de résultats. «Cest en quelque sorte ce que veut faire El Himma avec les partis politiques, ironise ce vieux di­rigeant du FUS. Le club de la capitale a toujours été dirigé par des dignitaires du régime. N'oubliez pas que c'est le seul club autorisé à mettre une couronne dans son logo», conclut notre dirigeant. Comme ses autres col­lègues au sein de l'assemblée générale, ce dernier n'avait d'autre choix que de bénir la désignation de Majidi à la tête du FUS. Cerise sur le gâteau : le club lui accorde une carte blanche pour la formation de son conseil d'administration. Et Majidi ne va pas chercher bien loin, il réunit ce que beaucoup appellent «la clique des R'batis», On y retrouve Mohamed Mounir Majidi, Moncef Belkhayat (ex-DG adjoint de Méditel), Mohamed Boussaïd (minis­tre du Tourisme), Mostapha Bakkou-ry (DG de la CDG) ainsi que deux membres du secrétariat particulier de Mohammed VI. Des golden boy investis d'une nouvelle mission : re­dorer le blason du club de la capitale et en faire une machine à fric.

En d'autres termes, «donner l'exemple d'une réussite sportive en introdui­sant de nouvelles méthodes de gestion», résume un membre du comité di­recteur du FUS.

Et pour son premier projet, la cli­que des R'batis voit grand, très grand même. Selon des documents présentés au conseil de la ville, FUS Dévelop­pement (une société relevant du club) désire construire un projet immobilier sur l'actuel terrain qui abrite le stade du FUS et certaines dépendances sporti­ves, appartenant à d'autres petits clubs. A quoi ressemblera ce «projet immobi­lier» ? Officiellement, rien n'a encore été dévoilé mais un proche collaborateur de Mohamed Mounir Majidi parle (en off) d!«un centre commercial, une sorte de mail avec plusieurs magasins et, éventuelle­ment, une part réservée au résidentiel».«Les rentrées de ce projet, serviront à financer' tou-tes les sections du FUS ainsi que la construction, à moyen terme, d'un complexe sportif en périphérie. Nous disposons d'un projet de développement global dans ce sens», expli­que, en off, un proche collaborateur de Majidi. Problème : le terrain en ques­tion appartient à la ville et Mohamed Mounir Majidi aimerait l'acquérir au dirham symbolique, comme le montre un projet de partenariat présenté aux conseillers de la ville de Rabat (et dont «Le Soir échos» détient une copie). Au sein du conseil de la capitale, l'informa­tion fait l'effet d'une bombe. «A la limite, nous savons que nous ne pourrons pas nous opposer à un projet pareil parce qu 'il a sû­rement reçu l'aval du roi mais le conseil a quand même le droit de réclamer une somme raisonnable contre ce lot de terrain», estime un conseiller ittihadi. A ce jour, rien ne filtre quant à l'emplacement exact ni à la superficie globale du terrain convoité par Majidi et ses collègues. Mais tout donne à croire qu'il s'agit de l'actuel stade du FUS ainsi que d'un champ de courses se trouvant à côté des fa­cultés. «C'est l'un des meilleurs emplace­ments encore disponibles à Rabat. B est idéalement situé entre le centre ville et des zones résidentielles comme Agdal et Hay Ryad. Le mètre cané doit y coûter30.000 DH au bas mot. Et puis n'oublions pas qu 'avec le projet de la nouvelle bibliothè­que, la marina et le tramway, ce coin est appelé à devenir extrêmement convoité par les commerces et par les promoteurs», estime un topographe r'bati. Et se­lon certaines sources à la capitale, le projet ne date pas d'hier. . «Quand le roi tait venu inaugurer le chantier de la nouvelle bibliothèque nationale, Abdelkrim Bennani, alors président du FUS, lui a proposé de mettre à disposition de la nouvelle bibliothèque le foncier occupé actuellement par le FUS. A l'époque, Mo­hammed VI avait répondu que le sport et la culture sont, au contraire, complémen­taires», raconte ce membre du comi­té directeur du FUS. Qu'est-ce qui a changé depuis dans ce cas ? 'Le roi a-t-il donné le feu vert à son secrétaire particulier pour acquérir ce terrain ? «Sûrement, répond cet élu de la capi­tale. Mohamed Mounir Majidi ne fait rien sans l'autorisation de Mohammed VI. En plus, le nouveau projet se trouve à proximité du palais royal, dans une région en plein développement urbanistique, juste à côté de la bibliothèque na­tionale voulue par Mohammed VJ jus­tement». Aux dernières nouvelles, Mohamed Mounir Majidi serait même pressenti pour succéder à Hosni Benslimane à la tête de la Fédération royale marocaine de football «A moins qu'il y soit nommé, ce qui reste envisageable, rien ne permet de confirmer cette hypothèse», répond (sèchement) ce membre fédéral. Le conseil de la ville de Rabat se réu­nit aujourd'hui (jeudi) pour discuter (plus en profondeur) de la proposi­tion de FUS Développement. «On se dirige très certainement vers un avis favorable mais nous nous opposerons à l'option du dirham symbolique. Nous ferons une estimation delà valeur du ter­rain et nous exigerons de FUS Dévelop­pement de nous dédommager en liquide ou en terrains», assure un élu local, membre du PJD. Autre exigence, exprimée par un élu ittihadi cette fois : «Nous ne signerons la conven­tion qu'après avoir reçu l'argent ou les terrains. Nous ne voulons pas courir le risque de céder le terrain sans rien recevoir en échange».

3M et puis s'en va
Mohamed Mounir Majidi (3M pour les intimes) est un homme qui cultive la discrétion. Ses apparitions publiques sont très tares et ses photos se comptent sur le :bout des doigts. Dans le milieu delà finance, l'homme est pourtant une véritable star. Secrétaire particulier de Mo­hammed VI, il est également le gestionnaire du patrimoine et des affaires royales. «Sous son règne», l'entreprise royale (Siger) a dominé l'empire Ona. Lors des dix:dernières années, Majidi a également révolutionné la configuration du capitalisme marocain. On lui prête, entre autres exploits, le putsch contre Hassan Chami à la GGEM, la fusion entre la BCM et Wafabank et le règne sans partage sur le secteur des affiches publicitaires (il est le propriétaire du N°1du marché, FC Com). Mais depuis quelques années, l'homme multiplie les bourdes. La ville de Casablanca lui réclame toujours, des arriérés de plusieurs millions;e dirhams. L'année dernière, son acquisition' d'un terrain des Habous à Taroudant a fait couler beaucoup d'encre et aujourd'hui l entame son mandata la tête du FUS par une polémique qui divisele conseil de la ville de Rabat. Ancien cadrei l'Ona et à la Cdg, Majidi dispose (tout comme El Himma) de sa clique d'hommes d'affaires et de politiciens. On retrouve d'ailleurs une bonne partie d'entre eux dans le tout nouveau conseil d ' administration du FUS.

Driss Bennani
Source: Le Soir Echos

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